Éditions Edilivre 2013. 14 euros
Auteur d’une trentaine de recueils de poésie et de nouvelles, ainsi que d’essais notamment sur Orwell, Jacques Lucchesi nous propose cette fois quatre textes passionnants. Le premier porte le titre ─ percutant et allant à l’essentiel ─ du recueil. Sans méconnaître la part innée de la féminité, l’auteur analyse sa genèse et les mythes qui l’imprègnent. Il s’agit bien d’une construction, de même que pour la virilité. L’approche pluridisciplinaire, surtout psychologie, sociologie, histoire et économie, fait le point des recherches récentes sans jargon ni abstraction avec une langue élégante. L’essayiste analyse finement la métamorphose des rôles masculin et féminin, la puissance érotique des vêtements féminins et leurs répercussions économiques ─ le passage sur le rouge à lèvres m’a paru savoureux et drôle. Finalement, malgré les bouleversements de notre époque, nous constatons avec l’auteur la permanence de la notion de féminité.
Le sujet du deuxième texte nous interpelle autant : qui n’a pas un jour éprouvé la honte ? L’analyse philosophique, qui fait dialoguer Descartes avec Spinoza, Aristote avec Sartre, nous permet d’approfondir la question. La honte est mise en relation avec la pudeur, la culpabilité autant qu’avec le regard du groupe. Là aussi, le lecteur avance dans la compréhension d’un sentiment, de sa genèse.
Les deux derniers essais, sur la prostitution et le tourisme, ne sont pas moins stimulants pour la réflexion. Personnellement je suis sorti de la lecture de ce livre avec le sentiment de mieux me connaître et l’envie de lire ou relire d’autres ouvrages qui y sont évoqués.