Archives de catégorie : Liminaire

Liminaire

Écrire c’est bondir hors des rangs des assassins.
Journal de Franz Kafka, 27 Janvier 1922

La douceur de cet automne
Nous invitait à retenir les mots
Qui frissonnent sous les fougères
Et à donner rendez-vous aux terrasses des arbres
Qui se défeuillent.

Beyrouth, Paris, Bamako, Tunis, Jos,
Amères vendanges !
La stupeur usurpe notre raison
Nous laissant sans voix
– tentation du silence solidaire…

Mais nous avons juré d’écrire
De bondir hors du rang des meurtriers 
De courir sur les brasiers du monde
Et publier les murmures du vent
Sur l’escarpe du temps …

PARTIR !

Notre dossier était alors en marche
Prêt au voyage, à toutes les partances
Avec ses poètes arracheurs de silence : Daniel, Jules, J.Jacques, J.Pierre, Atiq, Philippe, André, Céline, Sylvia, J.Christophe, Colette, Dominique, J.Michel, Léo, Patrice, Marie-Paule, Célia.

Une Grappe offrande pour clore une année sans pareille
Par-delà les frontières cruelles réelles imaginaires
Et le cycle des saisons fuyantes qui portent nos mémoires irréductibles.

Liminaire: Une nouvelle Grappe

Une nouvelle Grappe 90 semestrielle de 90 pages avec Denecourt, les amis de la Revue Rétro-Viseur et bien d’autres…
Amis Lecteurs, vous avez entre les mains une Grappe qui a pris du poids ce printemps ! Et ce n’est pas rien pour notre petite équipe d’augmenter d’un tiers l’habituel format de notre revue. Mais quel plaisir de vous livrer ce numéro partagé en quatre grands espaces !
Pas loin : une forêt de Fontainebleau* littéraire en diable (de Sylvain !) avec le récit par son historien Jean-Claude Polton de l’Hommage à Denecourt en 1855 par une quarantaine d’auteurs connus à l’époque. Leurs textes célébrant autant la forêt que l’homme qui travaillait pour l’ouvrir au public, ont été publiés dans un recueil pour en témoigner au-delà de la réunion d’un jour. L’homme avait besoin du soutien de ses contemporains, de leur légitime reconnaissance pour croire en la réalité de ses actes.
Au Nord : un clin d’œil amical à la Revue Rétro-Viseur ayant cessé de paraître en 2009, nous invite à lire ou redécouvrir les textes de neuf de ses auteurs, avec une présentation qu’on aime subjective (c’est son mot !) de cette Revue par Pierre Vaast, son fondateur.
A l’Ouest : un voyage lointain parmi les textes du Dossier intitulé hommage, toutes sortes d’hommages. Se souvenir qu’au Moyen-âge l’Hommage était la cérémonie de vœu de soumission d’un vassal à son suzerain explique que le mot garde une marque de grand respect manifesté sous des formes diverses. De quoi intimider plus d’un des auteurs sollicités, d’autant que l’hommage, partage de mémoire, de douleur ou de joie, dévoile un peu, beaucoup, passionnément ceux qui l’écrivent.
Tout près d’ici : le terrain de jeux des premiers ateliers d’écriture animés par deux Grappeuses, avec quelques textes produits et de croquis, précédant le meilleur de nos rendez-vous chroniqués et notes indispensables à la vie d’une revue.

Colette Millet

* La Grappe revient à ses amours : voir notre parution de 2005 La Forêt  Voix de traverse … encore disponible.

Littérature et Poésie à l’épreuve de la vie des femmes dans la tourmente de l’Histoire

de Colette Millet

(…) Elle a pleuré beaucoup, parce que le désespoir est femme, mais pas plus qu’il n’en fallait, parce l’obstination l’est aussi. Sébastien Japrisot(1).

Ce numéro 89 est né avec la complicité de Chantal Antier, historienne rencontrée au cours d’un entretien passionné autour de ses recherches sur la vie des Femmes de notre département pendant la Grande Guerre. Beau sujet s’il en est.
Pourtant La Grappe, attachée aux écritures contemporaines, ne cède pas aisément à l’envie commémorative. Mais elle sait que Littérature et Histoire fondent leur différent travail sur deux exigences communes : maintenir vivante une culture par la mise à jour constante des connaissances et nourrir l’écriture d’imaginaire pour les faire partager.
Aussitôt elle jetait une fraternelle passerelle entre Histoire et Littérature, lançant un appel à textes sur ce sujet à ses fidèles auteurs, à de nouvelles et jeunes voix lui ayant fait signe, allant même jusqu’à glisser son courrier sous la porte web de quelques abonnés. Ils et elles répondirent nombreux avec enthousiasme.
Peu à peu arrivaient des récits sensibles tirés de l’histoire familiale, des évocations réalistes et poétiques, des portraits d’écrivains connus, quelques incantations textuelles. Réunis ici dans leur diversité, ces textes manifestent une volonté collective de donner corps et parole aux femmes vivant il y a cent ans. Reconnaîtrons-nous parmi elles, quelques-unes en route vers leur émancipation ?
On ne peut pas clore cette présentation sans accueillir avec gourmandise la naissance d’une nouvelle chronique Le goût des mots de Jacques Lucchesi, sans saluer le choix du jury de la Société des Gens de Lettres qui vient de décerner à André Duprat la Bourse de Création de Poésie Gina Chenouard 2014 pour son texte La nostalgie nombreuse paru dans le numéro 88.

Colette Millet

(1) In Un long dimanche de fiançailles roman Prix Interallié 1991 de Sébastien Japrisot Editions Denoël.

Liminaire

Nous prolongeons, dans ce numéro, notre précédent travail sur Chomo. Nous espérons, même modestement, le faire découvrir ou redécouvrir.

La prochaine étape de sa reconnaissance* serait évidemment, c’est le souhait exprimé par Laurent Danchin à la fin du passionnant entretien qu’il nous a accordé, d’organiser une grande rétrospective de son œuvre.

La Grappe

(* Ce n’est pas gagné : à Milly-la-Forêt, le Christ de Chomo, déplacé, est planqué au fond de l’église, au pied de la tribune de l’orgue, à la suite, semble-t-il, “ des ré-actions de visiteurs”)