Patrice Blanc publie de nombreux recueils de poésie.
HYPOTHÈSE
Ce personnage qui n’avance pas.
Séquestré. Immobile. Cet homme est là, assis.
Autour de lui règne le cliquettement
des pas des femmes endeuillées.
Il attend le train.
Dans le train, il lève les yeux ; et voit
les têtes ondulant sous le roulis.
Il n’attend personne, – rien !
… il avance en lui-même.
Les rires des filles enluminées l’occupent
au point qu’ils conjurent l’oppression du silence.
Soudain, son esprit s’enfuit par une voie
de sortie.
Il ne reste plus une seule place assise. Quelques
lecteurs de journaux sans doute officiels
remuent les bras et froncent le sourcil.
Ce personnage est là, assis, qui
ne demande rien.
Autour de lui, de petits sacs gonflés
d’agressivité éclatent.
Il fait parfois noir comme dans un trou. Ses
lumières sont intérieures. Les femmes endeuillées
travaillent avec le temps ; et bougent devant leurs
visages leurs mains nues. Par la fenêtre, il
ne reçoit qu’un noir qui stagne. Les voix sont
habillées de stress.
Déjà le bruit s’abat sur lui. Et,
contre la faiblesse raidie de son corps ; il lutte.
Ce personnage avance dans un train
qu’il voudrait arrêter.
Séquestré. Immobile, cet homme est là ; assis.
Il ne demande rien -.