-69p- Editions Le Pont du Change 2015. Ces textes brefs vagabondent entre fiction et réalité. Le lecteur est emporté dans un décor partagé entre horizontales et « vertigineuse verticale » ; il est tour à tour abandonné dans des lieux désertés ou seul parmi la foule. Jean-Jacques Nuel joue avec les mots et leurs contradictions, acceptant qu’ils échappent à l’écrivain qui « ne saurait empêcher les mots d’être ce qu’ils sont ».
Derrière l’habileté de l’auteur à contempler avec légèreté le monde et les émotions humaines, on entrevoit une vision profonde de l’existence. Ainsi « Un revenant » prend conscience que « La ville avait continué sans lui, comme si de rien n’était, et comme s’il n’avait jamais existé ».
Avec délicatesse, le thème du temps qui passe, traverse par touches l’ouvrage. Les sujets des apparats et mascarades mondaines, de l’absurdité de la société et de la place de l’Ecrivain sont traités avec une pointe d’ironie et une originalité forte de proposition.
Enfin, Jean-Jacques Nuel a la capacité de réconcilier les points de vue les plus diamétralement opposés (l’homme et la femme), de faire taire la « querelle séculaire », peut-être parce que lui-même a appris à apprivoiser la composition originelle de son prénom. Ainsi « Jean-Jacques » ouvre et referme l’ouvrage laissant présager un soupçon d’autobiographie.