Auteur de deux romans dont l’un Jeanne, le pardon Edition Persée se déroule pendant la Grande Guerre, a souhaité participer, suite à l’appel de La Grappe, à ce collectif d’écriture dont le thème lui tient à cœur. Enthousiasmée par l’idée d’un partage d’émotions et d’images que provoquent toujours les mots.
Le lavoir
Plus de nouvelles au matin,
Plus de cartes ni de lettres,
Plus de traits couleur fusain,
Ni de mots qui s’enchevêtrent,
L’angoisse au creux de la main,
En bordure du lavoir,
On lave un matin chagrin.
Frappent, frappent les battoirs…
On savonne les chemises,
On triture moribonds
Des souvenirs qui agonisent,
Triste mémoire de chiffon,
Quand on pressait à sa guise
Pantalons et tabliers,
En coton ou laine grise.
Un bonheur à oublier…
Lors, sur la planche on s’alarme,
Quand l’eau déborde de noir,
On essore tant de larmes,
Plus de couleur ni d’espoir,
Sans sanglots ni vacarme,
On rince son cœur en deuil
Loin du front et des armes.
On se voile sans orgueil…
Les saisons coulent au lavoir,
Mouillent jupes et robes neuves,
Les voisines en ce miroir
Surprennent le reflet des veuves,
Sombres ombres à l’étendoir,
A genoux sur les margelles
On se tait par désespoir.
L’eau clapote et ruisselle…