de Colette Millet
(…) Elle a pleuré beaucoup, parce que le désespoir est femme, mais pas plus qu’il n’en fallait, parce l’obstination l’est aussi. Sébastien Japrisot(1).
Ce numéro 89 est né avec la complicité de Chantal Antier, historienne rencontrée au cours d’un entretien passionné autour de ses recherches sur la vie des Femmes de notre département pendant la Grande Guerre. Beau sujet s’il en est.
Pourtant La Grappe, attachée aux écritures contemporaines, ne cède pas aisément à l’envie commémorative. Mais elle sait que Littérature et Histoire fondent leur différent travail sur deux exigences communes : maintenir vivante une culture par la mise à jour constante des connaissances et nourrir l’écriture d’imaginaire pour les faire partager.
Aussitôt elle jetait une fraternelle passerelle entre Histoire et Littérature, lançant un appel à textes sur ce sujet à ses fidèles auteurs, à de nouvelles et jeunes voix lui ayant fait signe, allant même jusqu’à glisser son courrier sous la porte web de quelques abonnés. Ils et elles répondirent nombreux avec enthousiasme.
Peu à peu arrivaient des récits sensibles tirés de l’histoire familiale, des évocations réalistes et poétiques, des portraits d’écrivains connus, quelques incantations textuelles. Réunis ici dans leur diversité, ces textes manifestent une volonté collective de donner corps et parole aux femmes vivant il y a cent ans. Reconnaîtrons-nous parmi elles, quelques-unes en route vers leur émancipation ?
On ne peut pas clore cette présentation sans accueillir avec gourmandise la naissance d’une nouvelle chronique Le goût des mots de Jacques Lucchesi, sans saluer le choix du jury de la Société des Gens de Lettres qui vient de décerner à André Duprat la Bourse de Création de Poésie Gina Chenouard 2014 pour son texte La nostalgie nombreuse paru dans le numéro 88.
Colette Millet
(1) In Un long dimanche de fiançailles roman Prix Interallié 1991 de Sébastien Japrisot Editions Denoël.