Tout passe, rien ne disparaît…(1)
À l’automne 2009, la revue Rétro-Viseur a disparu…
Chaque fois qu’une revue disparaît c’est un peu pour moi un arbre qui meurt, une brutale trouée dans la forêt des mots dressés vers la lumière.
On est saisi par la nouvelle. On était si habitués à cette publication saisonnière, ce retour attendu d’un panier empli d’émotions de découvertes qui entrent dans le rythme de nos jours de nos années.
Bien sûr on se dit que l’arbre mort, foudroyé ou sénescent, laisse sa place à une jeune pousse prometteuse. Mais est-ce si sûr ? Comment savoir si la régénération en marche sera créative ou réduite à un clone numérisé ?
Les revues passent, plus ou moins vite. Au compteur variable de leur numérotation on pressent leur possible déclin. Pour en avoir le cœur net j’ai récemment entrouvert à la BNF le mémorial des revues disparues. L’avis des récents décès surprend : des jeunes, des moins jeunes et des vénérables. La revue Trace par exemple enterrée en 2012 avec un bel hommage avait tout juste 50 ans ! Et Action Poétique 62 ans au même moment disparue dans un silence sidéral … Quand à la revue Sud, prenant la suite d’Autre Sud avait l’âge de 42 ans environ.
Avec ses 25 ans passés dans le Nord Rétro-Viseur était donc une jeune revue pleine d’espoir… Mais je crois que rien ne disparaît. Parce que les auteurs vivent toujours après leur passage dans une revue. Cela j’en suis certain. Mais où sont-ils ? De mystérieux imprévisibles liens d’amitié nous permettent de les saluer en fraternité. Rétro-Viseur n’échappe pas à cette intuition…
J.J. Guéant
Je rebondis sur le terme « amitié ». Si parfois les mots ont un sens caché, un double sens, voire un sens interdit, le mot amitié ne porte pas à confusion.
En arrivant par hasard entre les pages de Rétro-Viseur, je m’y suis tout de suite senti bien. Qui dit amitié dit fraternité. Et sans se connaître, j’ai pu et su illustrer les textes de Pierre Vaast et Jean-Jacques Nuel. Nous avons, nous allons faire connaissance pour de nouveaux partages. D’autres auteurs ont aimé emprunter les sentiers suivis par nos deux revues complices.
Camarades, on a hâte de reprendre la route du Nord en votre compagnie, poésie en bandoulière et fleur au fusil !
D. Laronde
(1)Titre d’un entretien de la revue Vacarme avec J.C. Bailly en 2010