Les marcheurs
Nous avons enduré
les pampas puis la steppe
franchi les fleuves à gué,
c’était l’immensité
des talus de conquête
des faveurs étoilées,
et le sol martelait
notre marche mendiante
nous n’étions que des chiens,
mais les villages offraient
la libre la tremblante
fraternité du pain.
Nous avons traversé
les serments les fatigues
dormi sous les orages,
les arbres au loin raclaient
leurs chanfreins de résine
ils devenaient présages,
et le sol répondait
à toute certitude
assise dans son droit,
une étoile étonnait
dans notre servitude
l’encens d’un feu de bois.
Nous étions douze ou treize
compagnons camarades
en peine d’horizon,
à l’abri de nos braises
nous demeurions nomades
nos mains faisaient fusion,
et le sol annonçait
bien d’autres déchirures
pourtant nous le savions,
l’odeur du temps montait
comme une architecture
dans le lien et l’union.
mis en musique par Roger Lahaye
Vers l’horizon, 2014
Complète en toi l’amour
et deviens passerelle.
Renonce à la durée
à ses lésions lugubres.
Élude le laurier
atteins la ligne rare
entends sentir en toi
s’élever l’Éternel.
Surprends ta vigilance
précède l’incertain :
qui n’écoute que ses yeux
conspire à l’exil
volant de ses cendres.
in Passages du témoin, 2004