Longtemps marcher
(extraits)
Gésir dans les ténèbres
à moins d’un prompt jailli
d’une trace espérée
qui ne fut qu’éphémère
*
Ainsi le bleu
de perpétuelle errance
s’assigne comme un feu
cette neige salvatrice
*
Qui témoigne de la foudre
n’a plus conscience d’espérer
Qui, par le vent tressaille
accepte son chemin
*
Sous une viorne
regard d’insecte
blanc
comme celui d’une mante
qui croise l’archipel des mots durcis
Pétrification d’une langue
d’où saignent en silence
les bleus de Giotto
*
Dans l’écart
comme dans le saillant
toute infortune te désigne
et t’accompagne
*
Rêve coupé du jaune
aux vastes étendues en sommeil
que je n’ose plus nommer friches
Montagnes qui se chevauchent
jusqu’à
l’éblouissement du blanc
*
La faim du regard
ruine le paysage
auquel je m’attable
En sursis
l’olivier éclairé par le vide
redevient verbe
puis prend chair
*
Plus d’horizons possibles
Le manque ne traduit pas le vide
mais l’épure
*
Qui se courbe sur la pierre
ô guetteur épanché complice de sa mort
n’est plus qu’une tour régnant
en ses châteaux défaits
à chaque heure du jour
comme conquise au désert
*
Ni grain ni preuves ni gain
Ni souffle éperdu
Ni aveu de faiblesse
Perdurant
l’éteule oblitère le regard
d’un champ couché
gagné à de neuves espérances
A tout égal
répondre par
la cendre dispersée.