En revenant de l’expo

par Daniel Abel

« L’opéra fabuleux » de Jean de Maximy

Récemment à Samois, les 18 et 19 octobre 2008, un public nombreux a pu admirer une œuvre étonnante de Jean de Maximy, résultat de trente ans de travail, composée de plus de 120 panneaux, réalisée au marqueur noir à pointe fine. On pense à Rimbaud, à cet « opéra fabuleux » prôné par le poète.

Une symphonie prend naissance, se déploie, embrasse l’univers, participe des éléments, de l’air, de la terre, de l’eau, des arbres, aussi le feu avec l’évocation de l’implosion primitive, du bing bang, comme une énorme efflorescence, toujours en devenir.

Avec cette SUITE de dessins de plus de 80 mètres dans lesquels le fantastique se greffe au réel, nous entreprenons un fabuleux voyage, portés par le souffle créateur, vers un ailleurs de magie, les tableaux succédant aux tableaux, la magistrale évocation jamais ne s’inter-rompt, les séquences, s’enchaînent, dans une continuité parfaite.

La grotte, la caverne, le creux, la cavité… le paysage peut être en suspension, avec rupture de perspective, une autre réalité se superpose, un espace, un temps différents… Jean fait de l’arbre un veilleur, le dialogue se passe en silence, le regard est invité à s’aven-turer par un long périple intérieur, une mémoire d’avant naissance.
L’imaginaire s’emplit du grandiose, l’artiste «  tend des fils » d’étoile à étoile, incite à découvrir au-delà des apparences… Il élabore une architecture subtile, toute en résonances, avec des émergences, des ajours, des cônes, des labyrinthes. Une cité : celle des dieux, des hommes ?

Le paysage est hanté, sublimé, on participe de son élégance, sa fierté, sa force, sa respiration. On est confronté au grand mystère de la Création, de la Genèse, du Destin.
Des sphères, de quelle origine, quelle est leur véritable essence ? Avancée, dans l’atmosphère du rêve, sous une voûte perpétuellement changeante qui joue le rôle d’écran… Volutes, escaliers spiralés, arches, aqueducs, pont à travers le vide, des antennes interrogent le lointain, cherchant à capter une lumière sans frontières.

Jean de Maximy célèbre le grandiose, les lignes s’incurvent, hardiment se chevauchent, se conjuguent, se prolongent d’un panneau à un autre… A une parcelle de réel, passionnément étudiée jusqu’au moindre détail succède une vision d’envergure, une ouverture sur une démesure.

Le souffle, toujours maintenu, accompagne l’ampleur de l’inspiration, l’épopée sidérale, le réalisme fantastique… On pense au sort de l’homme, minuté, dans un univers en expansion, qui s’assombrit, se régénère. Jean s’est représenté, – à la fin, au seuil de l’aventure ? – face à un ajour de lumière, non pas de pureté immatérielle mais marquée d’un paysage qui lui est familier.

Exposée en lumière noire l’œuvre gagne une autre dimension, s’intègre aux sortilèges de la nuit, puise en cette dernière une féerie qui la rend sublime allée de nocturne marquée de signes sidéraux, d’empreintes de comètes, d’étoiles filantes…
Une fresque de toute beauté, une épopée graphique, un long ruban, sous nos yeux déroulé, de jour, de crépuscule, d’aurore… Le frisson est légende.

Un univers fabuleux de plus de 80 mètres, circonvolutions, orbes, ascendances, élans…
De l’issue revenir à l’origine interroger les traces, se laisser prendre au dépaysement, de l’au-delà de la vie, de l’invisible, de la radieuse renaissance, les cieux s’éclairent ils ne sont plus déchirure.
Une œuvre unique, de grandeur, de réalisme fantastique, exaltant – de quelle façon – notre quotidien autant que notre imaginaire.

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